Au coeur des Alpes - Hautes Alpes/Suisse (2011) - Les voyages du Ptit Malet
Au coeur des Alpes
Tour des Alpes à vélo - 2011
Europe
Au coeur des Alpes
Août 2011

Introduction

Petit tour dans les Alpes occidentales, à travers le Val d'Aoste et la Suisse par un parcours peu commun alternant pistes et glaciers, et aux panoramas somptueux sur les plus beaux sommets des Alpes: le Cervin, ou encore l'Eiger.

——— Lire le récit
Distance
1 100 km
Durée
10 jours
Point culminant
3 320 m
% de pistes
11 %
La carte du voyage
Voir la carte

Hautes Alpes

Légendes et mûletiers

En cette seconde semaine du mois d'août, je décide de passer un peu de temps dans les Hautes Alpes, mon département de coeur. Le beau temps m'incite à parcourir des routes et des pistes tantôt légendaires tantôt originales, avec 6 ascensions à plus de 2000 m (9 cols à plus de 2000).

Après avoir monté le Galibier, je rentre en trois jours sur Gap par le col des Ayes, un col à plus de 2500 m qui porte bien son nom, dont les 3 derniers kilomètres sont du GR dans lequel il me faut pousser ma monture. La nuit au sommet du col de l'Izoard est chaude et agréable. Située au dessus de la station de Risoul, le col de Valbelle et le col des Saluces se font sur une piste très carrossables. Les pistes dans le coin ne manquent d'ailleurs pas pour rejoindre la vallée de la Durance ou les stations de Vars. Pour ma part, j’enchaîne avec le col de Vars et la première moitié du col de Parpaillon, col légendaire au début du XX° siècle, à l'heure où le Galibier ou l'Izoard ne connaissaient pas encore leur heure de gloire. La montée caillouteuse est souvent empruntée par des motards, et les dix derniers kilomètres à flanc de montagne sont magnifique sous le chant des cigales à près de 2600 m d'altitude! Les 500 mètres de tunnel étroit et non éclairé basculent sur l'autre versant. La descente est longue et les 10 premiers kilomètres dans la piste caillouteuse sont pénibles. Pour éviter le trafic et la chaleur, je monte la côte de Saint Apollinaire, véritable belvédère sur le lac de Serre Ponçon. Me voici déjà de retour sur Gap, bien décidé si le beau temps se poursuit à aller faire un petit tour en Suisse, chose que je ferai après avoir réglé plusieurs formalités administratives universitaires.

Suisse (Cervin - Aletsch - Eiger)

Pics et glaciers

Le temps ensoleillé m'a convaincu. Ce vendredi 19 août, je me lance pour un petit raid quasi improvisé dont l'objectif est la Suisse et les plus beaux sommets des Alpes.
Le bus me menant à Briançon par une route que je connais par coeur s'arrête dans chaque village. Le col du Montgenèvre au trafic important précède ma longue entrée dans la chaleur de la plaine du Pô via Turin, ville aux longues avenues desquelles les passants au terme d'une discussion souvent amusante ont bien souvent du mal à m'orienter.

Je ne reste pas longtemps dans la plaine, ne succombant pas à l'appel de la montagne. J'entre déjà dans le Val d'Aoste par une route de plus en plus vallonnée. Je bifurque à droite. La montée irrégulière me menant vers la station huppée de Breuil-Cervinia est épuisante. En 25 km, l'on passe de 450 m à plus de 2000 m sur une route au trafic encombré longeant la vallée, aux rares épingles, sous une chaleur écrasante.

Arrivé épuisé à Cervinia, je n'ai fait que le plus facile. En effet, pour rejoindre la Suisse et Zermatt, je ne voulais pas faire le détour de 200 km par le col du Grand Saint Bernard. Il existe une autre route, plus directe, ou plutôt une piste, qui n'est pas entièrement carrossable, via le Theodulpass, à plus de 3300 m d'altitude. En réalité, la piste est large et plutôt bonne, tantôt poussiéreuse, tantôt assez caillouteuse, mais terriblement irrégulière. En 8 km, l'on passe de 2000 à plus de 3300 m d'altitude, soit plus de 16% de moyenne le tout sous une forte chaleur : j'arrive torse-nu sous le regard ébahi de randonneurs au sommet du Theodulpass. La descente s'annonce périlleuse.

Je file parmi les skieurs sur un glacier damé par les hautes pistes de ski de la station de Zermatt. Le glacier laisse place à une piste aussi raide que caillouteuse. Face à moi se dessine la pointe majestueuse et verticale du Cervin/Matterhorn.

Si la face sud en Italie, plus large et tassé m'avait laissé un peu sur ma faim, la face nord et est est bien plus atypique et impressionnante. Désormais, je suis dans le paradis des randonneurs, et j'effectue la descente sous les « Ho » et « Ha » d'un grand nombre d'entre eux.
La ville de Zermatt est bien trop touristique pour que je m'y attarde et j'effectue rapidement la fin de la descente. J'arrive dans la vallée du Rhone par une chaleur de plus de 38°C. Avec le trafic important et le vent favorable, j'ai l'impression d'étouffer.

Après le Cervin, l'autre attraction suisse est pour moi le glacier d'Aletsch, le plus grand des Alpes. La petite route à flanc de montagne vers Bettmeralp est magnifique et zigzague dans la forêt, offrant parfois des prairies vertes où paissent les vaches et se dressent de nombreux chalets.

Il ne me reste plus que quelques petits kilomètres sur une piste muletière et un court aller/retour à pied avant d'atteindre un point de vue sur cette véritable mer de glace dont je ne verrai pourtant qu'une petite partie impressionnante de ses 25 km.

Je rejoins à nouveau la vallée du Rhône, là où le fleuve n'est encore qu'une rivière s'écoulant entre d'impressionnantes montagnes verdoyantes au cimes enneigées. La montée vers le Grimselpass, à environ 2160 m d'altitude est encombrée aussi bien par le trafic que par les cyclistes, dont la moitié sont des cyclovoyageurs. Le coin regorge de cols à plus de 2000 m d'altitude: 6 dans une zone de moins de 50 km, Furka, Oberalp, Sütsen, Gothard, Nufenen et Grimselpass dépassent chacun les 2000m.

Nouvelle descente avent l'entame de la difficile et irrégulière ascension de la Grosse Scheidegg. Une étroite bande asphaltée longe un ruisseau tumultueux dans une épaisse forêt de sapins de laquelle jaillissent parfois des glaciers surmontés par de gigantesques pitons rocheux. La route est étroite, et le trafic complètement inexistant.

La Petite Scheidegg se situe à une altitude plus élevée que sa consoeur. La pente est raide et le sommet bifurque sur une petite piste plutôt descendante de 2-3 km réservée aux randonneurs et interdites aux cyclistes. Je ne veux pas faire rebrousse-chemin et me faufile entre les randonneurs sous des grommellements suisso-allemands. Je laisserai ces randonneurs du dimanche poursuivre leur excursion dans le petit-train les menant à Grimselwald. Je me contente du panorama éblouissant sur le massif de l'Eiger, l'un des plus beau de toutes les Alpes. Face à moi, les glaciers semblent s'écouler paisiblement des sommets de la Jungfraü et du Mönch. A gauche, la légendaire face nord de l'Eiger et sa falaise de près de 2000 mètres de dénivelé. L'Eiger, le dernier défi des Alpes, l'un des derniers sommets à avoir été gravi, et le théâtre de nombreuses ascensions dramatiques qui font la légende de ce sommet.

La fin de la descente est l'occasion d'une baignade dans le lac de Thunersee, aux eaux limpides et rafraîchissante. Je quitte ces sommets enneigés pour des vallées verdoyantes. La conduite des automobiliste est irréprochable. Retour dans la vallée du Rhône, courte escale avant la montée du col de la Forclaz. Me voici de retour en France.

Après une semaine de fortes chaleurs, le temps tourne à l'orage. Je n'apercevrai donc pas le glacier de l'Argentière et poursuis jusqu'à Grenoble. Un train m'emmène sur Gap. Il y a un an jour pour jour, j'étais au Pakistan. Aujourd'hui, c'est mon 21° anniversaire. Mon cadeau, je l'ai déjà reçu. Un temps ensoleillé, sans nuage (sauf le soir) et sans une goutte de pluie pour admirer les sommets et les glaciers majestueux de la Suisse.

Voyage précédent: "En longeant la côte égéenne" Voyage suivant: "Au delà du Réel"