Tian Shan, Pamir, Karakoram, Hindu Kush : le quatuor céleste (2024) - Les voyages du P'tit Malet
Le quatuor céleste
Tian Shan, Pamir, Karakoram & Hindu Kush - 2024
Asie
Le quatuor céleste
Septembre 2024

Introduction

Tian Shan, Pamir, Karakoram, Hindu Kush : un quatuor de chaînes montagneuses qui dressent leurs pics acérés jusqu’à la barrière des 8 000 mètres. La ceinture - orogénique - nord de l’Himalaya. Une succession de reliefs mythiques aux carrefours des routes de la Soie, des échanges et des ethnies. Parmi elles, les Kirghizes, semi-nomades qui peuplent la steppe kazakhe jusqu’aux plus hauts plateaux du Pamir. C’est d’ailleurs autour de ce massif que s’enroule mon itinéraire, à la rencontre des populations ismaéliennes et de leurs traditions séculaires.
De Pamir au Karakoram, en passant par l’Hindu Kush, elles sont une interface humaine entre chaque vallée. Pour moi, c’est l’une des régions les plus fascinantes au monde, et certainement celle que je préfère, quitte parfois à y remettre mes roues avec le plus grand des bonheurs.

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Distance
3 000 km
Durée
37 jours
Point culminant
4 370 m
% de pistes
35 %
La carte du voyage
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Kazakhstan

Le prélude kazakh

Trois jours. C’est le temps nécessaire pour parcourir les 350 kilomètres qui relient Almaty au plateau de Karkara. Un grain de sable dans un pays de près de 3 millions de kilomètres carrés. Mon voyage débute donc par un petit prélude kazakh, un premier avant-goût de ce retour en Asie centrale. En trois jours, j’y sillonne d’abord les larges avenues perpendiculaires et encombrées de l’ancienne capitale à la recherche d’un réparateur de cycles (conséquence de ne pas avoir révisé complètement mon vélo en France). Almaty a tout d’une ville européenne : ses bâtiments, ses allées arborées qui encadrent les longs boulevards, ses rangées de trottinettes électriques parquées devant les restaurants et les bars.
Puis, la plaine fertile, inondée par le trafic, longe les montagnes du Tian Shan et dévoile au détour d’un carrefour ses meilleurs jours : sur le bord des routes, pyramides de pastèques à foison, vendeurs de brochettes de chachlyk dont la fumée aiguise mes narines, empilements de nan, ces pains circulaires qui rayonnent autour de leur noyau scellé d’un motif floral.
Progressivement, je monte sur un plateau désertique et quasi inhabité. De la steppe à perte de vue. Ou presque. Au loin, le canyon de Charyn s’étire sur près d’une centaine de kilomètres et sculpte son dédale de strates rocheuses mi-rougeoyantes, mi-argentées comme une citadelle de grattes-ciel que 12 millions d’années ont patiemment ciselée. Le canyon de Charyn fend la monotonie de la steppe avec ses paysages lunaires ou mordorés.

Les paysages deviennent alors de plus en plus verdoyants. Les Tian Shan se rapprochent à nouveau. Et déjà, j’aperçois la frontière kirghize, sa frontière la plus orientale.

Vue aérienne sur le canyon de Charyn. C'est dans l'après-midi que les lumières colorent les falaises d'une teinte rutilante. Le site est fréquenté, mais c'est certainement l'une des plus belles merveilles du Kazakhstan.

Kirghizistan

Les lacs célestes

À Karkara, l’asphalte est en construction. Sur le bord de la route, des yourtes de nomades, d’éleveurs ou d’apiculteurs. Je bifurque sur une piste caillouteuse et un petit col particulièrement pentu avant de descendre jusqu’aux rives du lac Issyk Kul. Les champs de blé, d’orge ou de maïs tapissent un vaste plateau, directement blotti au pied des cimes glaciaires du Tian Shan. Le littoral méridional de l’immense lac – l’un des plus grands lacs d’altitude au monde – est l’un des greniers du pays.
Issyk Kul est une surprenante pause balnéaire qui révèle une cascade de contrastes. Le lac, d’un bleu égéen, vient mordre une enfilade de petites plages et de canyons ocrés, dominés par d’imposantes montagnes aux flancs encore verdoyants et au sommet desquels d’ultimes pics enneigés pointent vers le ciel.

Comme en 2010, je dois revoir mon projet de monter directement dans les Tian Shan. Le climat pour les prochains jours s’annonce bien trop aléatoire dans la partie orientale du massif, qui comporte de longs passages en altitude. Je préfère suivre les rives du lac Issyk Kul pendant près de 150 kilomètres sur une route en réparation, une future 2x2 voies.
En 14 ans, le pays a beaucoup changé. À gauche ou à droite de la chaussée principale, je devine les anciennes routes cahotantes et soviétiques que j’empruntais jadis. Pratiquement chaque village est doté d’une banque ou d’un distributeur d’argent. Les petits supermarchés, désormais clinquants, paraissent davantage approvisionnés. Et les anciennes Lada et les vieux Kamaz ont presque disparu de la circulation, remplacés par des marques coréennes ou chinoises.

Plus haut, une piste monte en lacets vers un col à plus de 3 400 m. Entre deux nuages, quelques éclaircies régulières esquissent un jeu d’ombres et de lumières sur des reliefs ondulés. Et me voilà déjà au Song Kul, ses immenses troupeaux de yaks, de moutons, de vaches ou encore de chevaux. Une myriade de yourtes ceinture le lac, idylle d'estive pour des Kirghizes semi-nomades. Ce soir, je trouve refuge dans l’une de ces petites maisons de feutre. Lira garde deux de ses petits-enfants avant la reprise des classes. L’occasion de les initier aux pratiques nomades et pastorales qui font partie de l’identité nationale.

L'autre canyon rouge

Ce matin, un soleil sans nuage illumine le lac et les pâturages. L’autre moitié de l’horizon est gorgée de ce vert jaunissant de la fin de l’été, qui s’étend jusqu’aux montagnes dénudées tout autour. On enjambe les minces filets d’eau qui remplissent le lac aigue-marin et impassible, dont la couleur se confond avec celle du ciel. On croise quelques cavaliers qui gardent un œil sur leur troupeau. Song Kul n’est pas qu’un reflet lointain de Mongolie, posé en terre kirghize : il incarne l’essence même de ce peuple et cette terre nomade plus mongole encore que la Mongolie elle-même.
La piste se rapproche lentement des rives. Puis ma direction s’en éloigne définitivement par-delà un col dont l’autre versant, plus aride, descend abruptement vers Kyzart.

Vue aérienne sur le Song Kul, le joyau du Kirghizistan. Sur un plateau situé à plus de 3 000 m d'altitude, quelques yourtes parsèment l'horizon verdoyant et ceinturent le lac aigue-marin.

Les paysages verdoyants ont laissé place à d'étroites vallées sauvages et encaissées qui tracent leur sillon au creux d’une série de falaises en érubescence. Des nuances orangées, rouges ou noires que les lumières d’un ciel parfaitement bleu exagèrent. Les sommets semblent se précipiter directement dans les rivières turquoise ou dorées. L’asphalte est neuf, mais les éboulements sont déjà nombreux. L’absence de trafic en fait pour moi l’une des plus belles routes du Kirghizistan : le tunnel reliant la ville de Kazarman et la vallée de Ferghana n'est pas encore terminé.
Pour la rejoindre, une piste se faufile lentement entre les pentes abruptes d’un ultime col à près de 3 000 m. Des images me reviennent : en 2010, je l'avais gravi dans une forêt de nuages au rythme d'un vieux Kamaz en surchauffe. Je me souviens aussi que, de l’autre côté, on y trouvait d’excellents miels. Aujourd’hui, les ruches se sont multipliées, et les nombreux apiculteurs y vendent un miel bon marché, délicieux, qui fera mon bonheur jusque dans le Pamir.

Sary Tash : jamais deux sans trois

Peu avant Jalalabad, je retrouve l’asphalte. Comme au début de mon voyage, sur le bord des routes, on vend des pastèques et des melons. J’y croise de nombreux écoliers : c’est le jour de la rentrée des classes, et les petits Kirghizes arborent parfois fièrement la kalpak, le chapeau traditionnel.

« Pourquoi n’es-tu pas passé à Tashkent ? » Pour la forte minorité ouzbèke qui peuple la partie orientale de la vallée de Ferghana, la capitale ouzbèke est un incontournable. À Jalalabad ou à Uzgen, on se sent d’ailleurs un peu comme en Ouzbékistan. Pour preuve, c’est ici que l’on trouve les meilleurs plov du pays. Entre mausolée et ancien minaret karakhanide, c’est ici aussi que l’on découvre quelques-uns des rares vestiges historiques du Kirghizistan.

La vallée de Ferghana s'apparente davantage à une large plaine partagée entre trois pays, et qui entrecroise chacun de ses peuples. Les sentiments d'appartenance ethniques y sont décuplés. Derrière une haute ligne de murs, il faut souvent deviner les larges patios surmontés de vignes, qui forment le point central des maisons familiales. Comme si les tensions entre ethnies ne s’étaient jamais dissipées.
Lorsque j’en ai l’opportunité, j’évite la route principale pour lui préférer de plus petits axes : on se rapproche ainsi de la vie rurale de la région la plus fertile du pays. Car sur la route nationale, la circulation redouble : je me fais même percuter par une voiture arrivant sur ma gauche. Ma sacoche fait office de pare-chocs. Après 30 000 kilomètres autour du monde, elle s’en sort encore, pour cette fois.
Je suis plutôt impatient de quitter la plaine. Même au bout d’une seule journée. Il n’en suffit que d’une seule pour changer de massif. Les Tian Shan laissent place aux Pamir-Alay et à la fameuse M41, la Pamir Highway.

« Tu ne vas pas dormir sous la tente. Viens plutôt chez moi. » La Pamir Highway a beau devenir plus touristique chaque année, fréquentée dans sa partie kirghize par un va-et-vient de camions ouïghours, le sens de l’hospitalité ne s’est pourtant jamais perdu.
Qu’il s’agisse de Sadyk ou d’Akhtbolush, toutes générations confondues, on m’invite à passer une nuit au chaud, que ce soit dans une ferme ou une vieille maison chancelante. « J’ai fait mon service militaire en Allemagne », me confie fièrement Akhtbolush, évoquant l’époque où le Kirghizistan et la RDA se partageaient encore l’ombre d’un même empire.

La route grimpe en lacets, jusqu’à atteindre le col de Taldyk, à près de 3 600 mètres d’altitude. Puis, elle se laisse lentement glisser vers le plateau de Sary Tash.
Au loin, d’un bout à l’autre de l’horizon, se dressent les géantes du Grand Pamir, leurs sommets de 6 000 ou 7 000 mètres effleurant le ciel, chacune déployant de gigantesques glaciers d’un blanc que le soleil étincelle. Lorsqu’à 15 ou 16 ans, je faisais mes premiers pas sur Google Earth, cette région me fascinait. Les vues satellites permettaient de distinguer nettement cette large vallée verdoyante découpée au Sud par un immense mur de cimes. Je me disais qu'un jour, je m’y rendrais. Si bien qu’aujourd’hui, c'est la troisième fois que je parcours ce plateau, au carrefour des frontières kirghize, chinoise et tadjike. Et chaque fois, avec le même émerveillement.

Depuis le plateau de Sary Tash, les cimes du Pamir dressent leur sommets à 6 ou 7 000 mètres dans un long mur de glace qui s'étend d'un bout à l'autre de l'horizon. Quelques semi-nomades peuplent ces paysages pastoraux. La route perce au milieu des montagnes. De l'autre côté, le Tadjikistan, son univers minéral.

Tadjikistan

Bartang, la belle du Pamir

Le vieil asphalte a depuis longtemps laissé place à une piste qui découpe les flancs et divise littéralement l’énorme barrière montagneuse. Il n’y a certainement pas plus belle introduction au Pamir. Dans ce royaume de marmottes, on se hisse à l’altitude de 4 280 mètres : de l’autre côté, le Tadjikistan. Et tout devient plus minéral.
« On dirait Mars » me dit un autre Français. C'est Mars, en mieux même. Des montagnes aux tons écarlates, orangés, beiges ou jaunes, noirs aussi certes, mais souvent coiffées d'imposants glaciers. Des sommets et des couleurs qui contrastent avec le bleu du lac Karakul ou de ce ciel impeccable. La Pamir Highway reste fréquentée par les touristes et cyclo-voyageurs. Et je préfère m'écarter de la route principale pour une piste menant vers la vallée de Bartang.

Il y a huit ans, lorsque j'avais interrogé des cyclistes revenant d'une boucle dans le Pamir sur leur endroit préféré, leurs yeux semblaient s’illuminer : la vallée de Bartang, m’avaient-ils répondu sans hésiter. À l'époque, je m'étais contenté de suivre un itinéraire plus classique, traversant notamment le corridor du Wakhan. Pourtant, depuis, j'ai toujours eu ce regret de ne pas avoir emprunté cette alternative. Cette année, l'occasion était trop belle.

En près de 300 kilomètres, on tutoie des phalanges de 6 000 m éparpillées dans un No Man's Land aride, on rencontre une petite poignée de bergers. À chaque fois l'occasion d'une pause. Des Kirghizes pour un déjeuner sous la yourte. Puis, au fur et à mesure de la descente, des Pamiris. Après plus d'une centaine de kilomètres, on atteint la vallée à proprement dite, des pistes difficiles et (très) caillouteuses, qui fendent un entrelacs d'immenses montagnes et d'éboulis. Les chaos de roches alternent avec les villages où l'on fait sécher les abricots, les champs où l'on récolte fraîchement le foin dont on coiffe le toit des maisons. Des maisons traditionnelles dont le cœur repose sur cinq piliers de bois qui sont autant de modèles d'architecture ismaélienne. De la vie, des sourires, des gestes de bienvenue, des invitations au thé. Une kyrielle de petits villages qui vivent en presque autarcie, coupés plusieurs fois par an (et pendant plusieurs jours ou semaines) du reste du pays au gré des humeurs de la rivière Bartang.
Alors oui, des vallées pamiries, Bartang en est assurément la plus éblouissante, la plus intacte, la plus encaissée, la plus engagée et la plus difficilement accessible. Depuis les rives du lac Karakul jusqu’à la confluence du Panj, l’ensemble de l’itinéraire incarne bien plus que la quintessence du massif. Il le magnifie, lui qui est déjà, à mes yeux, le plus sublime au monde.

Le duo inséparable

Mon itinéraire s’enroule entre les vallées au point de sembler faire demi-tour. Pendant quelques dizaines de kilomètres, je longe le Panj et la frontière afghane. De petits miradors improvisés permettent aux militaires de surveiller l'activité de l'autre côté de la rivière. Ces miradors sont toutefois moins nombreux que les portraits de Emomali Rahmon à Khorog, la seule ville où je fais étape au Tadjikistan.

Pour remonter sur les hauts plateaux, je préfère une alternative au très classique corridor du Wakhan : la vallée de Shakdara. Moins fréquentée, elle n'a pourtant rien à envier à sa célèbre voisine. Des forteresses millénaires, de petits villages entourés de champs où l'on s'affaire à moissonner l'orge, le foin ou le blé. Quelques vieux camions Kamaz en guise de trafic. Et là encore, des sourires, des invitations au thé, venant d'hommes ou de femmes.
Dans le monde musulman, le voyage donne trop souvent l’impression de traverser un espace réservé aux seuls hommes. Pas dans le Pamir, où l’héritage du monde soviétique côtoie le courant nizârite. L’ismaélisme accorde une valeur philosophique à la religion dans un fascinant syncrétisme avec des croyances plus anciennes, tels que les principes du zoroastrisme et la mythologie indo-aryenne. Les femmes y sont davantage mises à l’honneur, et les interactions plus faciles.
Le simple fait d’évoquer l’Aga Khan éveille en eux une ardeur intime. Son portrait veille dans presque chaque foyer, car l’Aga Khan est pour les ismaéliens, ce que représente le Dalaï-Lama pour les bouddhistes tibétains : un guide spirituel bien au-delà des frontières. Il est le président caché du Pamir, celui qui concentre toutes les ferveurs, et remplace Emomali Rahmon dans leur cœur.

Sur une piste caillouteuse, un long défilé se resserre entre deux parois rocheuses. Les rayons de soleil ne percent qu'au milieu de la journée. La vallée finit par s’ouvrir sur des paysages d’exception. Au bout, au-delà des reliefs ondulants, trônent les doubles cimes des pics Karl Marx et Engels, culminant respectivement à plus de 6 700 et 6 500 mètres d’altitude. Entre deux invitations au thé des bergers locaux, j’emprunte le même sentier qu’en 2016, avec pour point d'orgue ce qui est peut-être l’un des plus beaux panoramas du Pamir : au pied des deux géants de roc et de glace, inséparables pour l’éternité

Comme en 2016, je marche vers ce qui est pour moi l'un des plus beaux panoramas du Pamir. Un duo de cimes dont les silhouettes épousent la forme d'une tour et d'une pyramide. Dans cette partie des Pamirs, Marx répond à Engels.

Retour sur les hauts plateaux. Une succession de cols à plus de 4 000 m introduit mon retour sur la Pamir Highway. J’atteins finalement Murghab, une petite bourgade fondée par les Russes à la fin du XIXe siècle pour sécuriser leurs frontières dans le contexte du Grand Jeu. Désormais, ce sont les Kirghizes qui peuplent majoritairement les lieux.
Aux abords du bazar, le seul endroit animé, quelques poignées de vieux Kirghizes arborent fièrement leur kalpak resplendissant et effilé. Quelques stations-services rechargent les batteries de véhicules sans immatriculation venus de Chine. Les routes cahotantes du haut plateau sont-elles leur mise à l’épreuve ?

En septembre, les nuits deviennent de plus en plus froides et les températures descendent progressivement en dessous de 0°C. Je trouve refuge dans les rares maisons de cantonniers ou, à quelques encablures de la frontière chinoise, au pied du col de Qolma, où je suis invité dans l’hôtel chauffé (!) du « Terminal » , sorte de hangar dédié au contrôle des nombreux camions allant ou venant de Chine. Chaque fois, on partage le shirtchoy, ce thé noir au lait subtilement salé. Dans le bol, on l’enrichit de beurre avant d’y émietter un peu de pain. Autant de repas qui constituent de simples festins.

Chine

L’autre vallée du Pamir

De l'autre côté du col de Qolma, la Chine, le Xinjiang, le Mustagh Ata, colossal, et ses 7 500 m d'altitude, couverts par les nuages. Une colonne de camions, bloqués à la frontière où les contrôles se multiplient. Après une fouille rigoureuse de chaque bagage, les douaniers chinois me mettent dans un taxi qui me conduit une dizaine de kilomètres en contrebas, aux douanes de Kalasu. Même procédure. Et je suis enfin libre, ou presque.

L’asphalte parfait est encombré par un flot de voitures, motos et camping-cars chinois. À chaque village, à chaque carrefour, des policiers quadrillent le moindre recoin du Xinjiang, province ouïghoure considérée comme rebelle, bien qu’ici, peuplée localement par les Kirghizes et les Tadjiks. Nouveau check-post avant d’atteindre Tashkurgan, dans les confins occidentaux de la Chine, flanquée d'une forteresse millénaire.

Malgré ses airs sinisés, Tashkurgan est avant tout habitée par les Ouïghours et surtout les Tadjiks. Partout, les femmes portent leur chapeau coloré. Leur exacerbation, même artificielle, permet de créer une ville idéalisée, plus tadjike qu’au Tadjikistan.
On utilise le mot « Pamir » à outrance, sur chaque site, afin d’attirer un afflux de touristes locaux. Mais suis-je toujours dans ce massif ? Ou est-ce que je suis déjà entré dans la cordillère de Kunlun ? Un débat de géographes qui, il est vrai, a aussi eu tout son intérêt lorsqu’il s’agissait de justifier le partage des frontières entre les empires britanniques et russes au crépuscule du XIXe siècle. Des délimitations territoriales dont les conséquences persistent encore aujourd’hui.

Mon interlude chinois est moins court qu’espéré : les frontières ne sont pas uniquement fermées en fin de semaine, mais également les jours fériés. Or, ce mardi est le jour de la fête de la Mi-Automne. Après Murghab, c’est une nouvelle journée de repos forcé. Au moins, on y mange un excellent plov ouïghour ; on n'en trouvera pas un aussi bon dans le Pamir tadjik.

Comme un lundi au col de Qolma. Après un week-end de fermeture, une longue file de camions tadjiks ou ouïghours patiente à la frontière. Au loin, le Muztagh Ata est plongé dans les nuages. J'ai eu de la chance : j'ai évité la tempête de neige de la veille.

Pakistan

Hunza et les 7 000 m

Comme pour le col de Qolma, il n’est toujours pas possible de parcourir à vélo la centaine de kilomètres reliant la frontière pakistanaise. À près de 4 700 m d’altitude, le col de Khunjerab aurait été le point culminant de mon itinéraire.
Dans un bus rempli de travailleurs pakistanais et de quatre cyclistes, il n’y a pas une seule femme. Il faut près d’une heure pour combler chaque centimètre carré des soutes d’un fatras de sacs et de cartons, en plus de nos vélos. Premier arrêt après quelques minutes, aux douanes. Toutes les affaires sont déchargées pour être scannées, avant de les ré-empaqueter à nouveau dans le bus. Second contrôle des passeports. Personne ne sort avant le passage au Pakistan et une dernière vérification de nos documents. La première halte, au premier virage après le col, permet de soulager l’ensemble des passagers. Les langues se délient : « Les Chinois sont trop autoritaires. Il y a trop de contrôles », me disent en chœur les Pakistanais, venus pour l’essentiel de la province de Gilgit en raison de la facilité d’obtention des visas..

Il faut six heures pour parcourir les 200 kilomètres menant à Sost. Six heures pour changer radicalement de monde. Cette fois, je ne suis plus seul à traverser la frontière : en 2010, le douanier m’avait même autorisé à camper devant le poste avant de me proposer du « haschich taliban » et d'apposer le visa à l’aide d’un vieux bâton de colle UHU.
Les formalités ne sont pas plus organisées pour autant. Dans un fouillis de files apparentes, une cohue impatiente n’attend qu’un tampon sur son passeport.
« – Le logiciel bogue.
– Alors mets-moi le tampon, et on verra plus tard. »
Il ne faut qu'un instant d’hésitation avant d’entendre ce double claquement, sur mon e-visa puis sur mon passeport. Je peux enfin prendre une pause pour déjeuner, le temps de saluer une dernière fois mes compères cyclo-voyageurs venus de Russie, d’Allemagne ou de Suisse, et avec qui j’ai sympathisé en Chine pendant ces journées de repos forcé. « Je t’attends en Russie », me dit chaleureusement Vasiliy. Je le prends au mot.

En cette fin de journée, je suis empressé de m’imprégner de ces paysages impressionnants et de mes premiers kilomètres au Pakistan; même si je ne dois rouler qu’une heure et demie avant la tombée du jour. C’est avec un plaisir exalté que je retrouve le parfum de ces routes. De partout, à gauche, à droite, des hommes en salwar kameez me saluent, me sourient, m’accueillent avec enthousiasme. « How was China? » me demande-t-on. Le Pakistan est mieux. Beaucoup mieux même. D’ailleurs, si l’on pousse la comparaison avec ses voisins, je préfère mille fois voyager au Pakistan qu’en Inde. Tout y est plus enivrant. L’accueil, les paysages, les camions psychédéliques… Seule exception, peut-être, la nourriture. Quoique, pendant deux semaines, je saurai me rassasier de parantha, de quelques biryanis, et surtout d'une infinité de thés au lait délicieusement sucrés.

Au creux de la vallée, on se faufile entre les flancs rocailleux d’immenses montagnes, en apercevant parfois leur sommet enneigé. Des montagnes sombres : Karakoram signifie « ébouli noir » en langue turque. À intervalles réguliers, des ponts connectent la route aux villages où l’on se rassemble chaque soir pour y pratiquer des parties de cricket.

Depuis 2010, l'asphalte chinois a remplacé la vieille route escarpée et semble avoir effacé les conséquences de l’énorme éboulement ayant donné naissance au lac Attabad. La vallée de la Hunza n’est plus coupée du monde. Le tourisme local y est aussi plus présent, et les guesthouses, les « resorts » locaux, échoppes et restaurants se sont multipliés. On fait même de la tyrolienne sur le pont de Hossaini.
Mais à vrai dire, je n’y prête pas trop attention. L’essentiel demeure : des paysages aussi étourdissants que ce sens de l’accueil, profondément envoûtant. Et le trafic n’est pas si intense non plus. Durant tout mon trajet dans la vallée de la Hunza, je pédale avec le sourire jusqu’aux oreilles tant tout de ce voyage me paraît merveilleux.

Aux abords de Gulmit, la vallée s’élargit me confiant au dernier moment ses vues d’ensemble sur un bataillon de pics parfaitement sculptés. Parmi eux, les iconiques cônes hypnotiques de Passu, colosse aux airs gothiques, qui annonce le lac Attabad et sa série de longs tunnels non éclairés. Puis vient l’Ultar Sar, qui parade aux côtés d’un doigt de fée, une aiguille aiguisée portant le nom approprié de Ladyfinger. Pour la plupart, les cimes dépassent allègrement les 7 000 mètres et sont largement visibles depuis le fond de la vallée. Des cimes dans tous les sens qui m'encerclent jusqu’à en avoir le tournis.
Dans ce tourbillon de pics et de glace qui se dégagent des flancs sombres ou ambrés, le plus beau, le plus emblématique reste assurément le Rakaposhi.

Qui aurait cru que l’ascension la plus difficile de mon voyage ne se trouverait qu’au bout de la Hunza ? Pas un 4 000 mètres, même pas un 3 000. Les pentes menant au belvédère de Eagle’s Nest oscillent pourtant entre 10 et 20 % pendant cinq interminables kilomètres. À la limite de l’équilibre, j’escalade l’étroite bande asphaltée qui serpente entre les terrasses agricoles surplombant Karimabad.
Plus que le coucher de soleil, c’est aux aurores que l’extraordinaire tableau se dessine ici dans son expression la plus absolue. Dans un panorama à 360 degrés, chaque sommet semble se répondre de part et d’autre de la vallée. Mais c’est le Rakaposhi qui s’arroge les regards. Les rayons du soleil illuminent peu à peu sa face Nord, gigantesque et immobile. Depuis ses 7 800 m, des glaciers dévalent les pentes jusqu’au fond de la vallée, 6 000 mètres en contrebas. Et dire qu’à cause de la pluie, j’avais manqué ce spectacle il y a 14 ans…

C'est depuis les hauteurs de Karimabad que l'on assiste à l'un des levers de soleil les plus spectaculaires du Karakoram. Les rayons éclairent peu à peu la face Nord du Rakaposhi, immense, culminant à plus de 7 800 m.

Sous la prunelle du géant, on quitte progressivement la vallée de la Hunza, peuplée d’ismaéliens, pour celle de la Nagar, majoritairement chiite. Une exception là aussi au Pakistan. On laisse alors l’emblématique sommet et ses innombrables pentes de glace. Et tout n’est à nouveau plus qu'éparpillement de rocs et éboulis de roches jusqu’à Gilgit.

L’Homme qui voulut être roi

Changement de vallée. Je quitte la Karakoram Highway pour une route en travaux dans une infinie ribambelle de montées courtes et raides qui culminent à l’altitude du col de Shandur. Sur certains tronçons, des pelleteuses aménagent des passages tandis que des marteaux-piqueurs déchiquètent les parois, élargies à coups d’explosifs. Le trafic, de plus en plus rare, est alors coupé pendant plusieurs heures, même si l’on m’autorise parfois prioritairement à me faufiler entre les interstices de ce ballet chaotique, en poussant mon vélo sur les gravats fraîchement éparpillés.

Dernier changement de massif : une grande partie de mon itinéraire s’est enroulée autour de l’Hindu Kush avant de s’y conclure. Coincés entre Pamir et Karakoram, les sommets y sont peut-être moins hauts ou moins enneigés, mais ils n’en sont pas moins impressionnants. Ce qui me plaît surtout, c’est la quiétude des villages qui jalonnent la route, baignés par cette lumière rasante du soir qui, dans son oblique halo lumineux, découpe les flancs des montagnes et éclaire des pans de terrasses agricoles et de peupliers enfin parés de leurs couleurs d’automne.

Je retrouve ces villages ismaéliens que j’avais provisoirement laissés derrière moi après la vallée de la Hunza. Aux minarets se supplantent les Jamatkhanas, ces temples neufs aux formes quadrangulaires et futuristes qui rassemblent la communauté pour prier ou méditer. Tous ou presque sont financés par l'Aga Khan.
La saison des abricots cède la place à celle des pommes, des noix, des raisins et des grenades, des fruits familiers que je déguste entre deux thés. Une familière sérénité.
Le trafic se raréfie, les check-posts se multiplient. À partir du col de Shandur, on contrôle mon visa et mon passeport plusieurs fois par jour.

Au croisement de deux vallées, la piste caillouteuse dévoile les contours du Tirich Mir, le toit de l’Hindu Kush. Je longe son versant sud, derrière lequel se dissimule le corridor du Wakhan.
Puis, durant les derniers kilomètres menant à Chitral, le trafic redouble. Un vieil asphalte étroit persiste à défier le temps. Je dois souvent dévier de ma trajectoire pour éviter des véhicules fonçant autoritairement. L’asphalte est aussi parfois neuf, quoique souvent encore inexistant : le chantier de la route se déroule dans un désordre apparent, depuis deux ans maintenant.
Les véhicules soulèvent des nuages de poussière qui remplissent l’horizon d’une lueur suffocante. Au bout, Chitral est une clameur qui s’abrite derrière la silhouette du Tirich Mir. Une petite ville ni trop paisible, ni trop bouillonnante. On y mange bien. On y dort confortablement. L’endroit idéal pour faire une pause.

À une quarantaine de kilomètres de Chitral, nichées dans l’ombre des cimes du Nuristan afghan, trois vallées abritent un peuple à part. Les Kalash s’accrochent à leurs rites anciens comme un héritage sacré mêlant hindouisme, védisme et zoroastrisme.
Le village de Rumbur entasse pêle-mêle l’entrelacs de maisons faites de strates de pierres et de bois. Sur les flancs de la montagne, elles paraissent se superposer les unes aux autres, jusqu’à encercler, au sommet, un petit temple qui reprend les motifs zoroastriens.
En amont, j'observe silencieusement les scènes, qui s’animent au fil de la journée. La vie s’y déroule aussi bien dans les ruelles que sur les toits plats. On y fait sécher le maïs ou les noix. Des femmes aux robes sombres parées de motifs multicolores les arpentent par moment. Sur leur tête, une couronne ornée d’une tresse rutilante coiffe leur chevelure et leur visage clair, ponctué de deux yeux bleus ou verts. Des traits caucasiens qui, dit-on, remontent à l’héritage de Alexandre le Grand. L’ascendance du conquérant s’avère aujourd’hui trop commode. Mais leur origine reste un mystère. Si bien que ces « Kafirs » ont inspiré légendes et auteurs, dont la célèbre nouvelle de Rudyard Kipling : L’Homme qui voulut être roi.
L’équilibre de ces vallées reste fragile. Marginalisés, victimes de conversions forcées, les Kalash servent d’attraction pour leur folklore au tourisme national. « Ils viennent ici pour boire du vin et profiter de nos femmes ». Comme si être non-musulman semblait rendre les abus plus tolérables.
Mais le comportement des rares touristes étrangers n’est pas pour autant plus respectable : on vient chercher jusque dans les écoles l’archétype ethnique pour justifier une photo que l’on pense unique. Comme si mitrailler les Kalash de portraits à longueur de journée constituait une pratique plus excusable.

Retour sous escorte

Retour à Chitral. J’organise ma journée de transfert vers l’aéroport d’Islamabad.
« I’m the best cricketer of Chitral ». Le regard souligné de khôl adoucit les traits du visage d’Ehtesham. Sa longue barbe noire échevelée sur le bas du menton dévoile alors un large sourire teinté de fierté. Le cricket est sa plus grande passion.

Nous empruntons la route principale, sinueuse, qui traverse le tunnel de Lowari. Premiers check-posts : sous prétexte de transporter un étranger, Ehtesham est soigneusement contrôlé. On prend des photos de ses documents d’identité et de sa plaque d’immatriculation, et on relève minutieusement ses coordonnées.
« Do you like Pashtuns ? » me demande-t-il ironiquement. La route descend dans la région de Dir, verdoyante et arborée. À l’extérieur, les rares femmes sont couvertes de burqas brunes ou bleues. Les enfants, insouciants, jouent et courent au bord de la route, s’accrochent ça et là à l’arrière de camions ou de fourgonnettes qui font office de transport en commun. C’est aussi le seul moment où Ehtesham attache sa ceinture. Il faut dire que la conduite est particulièrement brutale et dangereuse : en face, on dépasse dans tous les sens sans précaution, dans les virages sans visibilité, sur une chaussée étriquée. « Les Pashtuns sont violents », me dit-il, « ils ont tous une arme et vraiment, ils ne savent pas conduire. Nous, les Chitralis, sommes tranquilles. » À plusieurs reprises, il évite l’accident.

Depuis le contrôle au col de Lowari, tous les quarts d’heure, un officiel le harcèle. « À force de prévenir leur hiérarchie, dans dix minutes, tu vas avoir le Premier Ministre au bout du fil ». Le téléphone sonne à nouveau. Il sourit. « C’est Elite Forces ». À partir du village suivant, les forces d’élite pakistanaises imposent leur escorte.
À l’arrière de la jeep, deux ou trois hommes musclés, lourdement armés, ouvrent la voie pourtant bien encombrée au tintement de leurs gyrophares. Visiblement, personne sur la route ne semble y prendre gare. Cela pourrait sembler amusant, mais l’effet devient rapidement gênant, notamment lors de notre arrêt au restaurant. Des voix s’élèvent, leur présence dérange. Dans un pays où la corruption est fréquente, la police n’inspire pas vraiment confiance. J’essaie de m’excuser. Mais personne n’en a contre moi. On baisse rapidement d’un ton en me souriant. Au Pakistan, parfois où je vais, je reste « le guest », un invité de marque, que ce soit pour les autorités ou pour les gens.
Nous mangeons en hâte avant de reprendre notre chemin qui s’ouvre sur une autoroute déserte. Les escortes se relaient dans chaque district, se coordonnant avec Ehtesham par des appels réguliers. Un nouveau coup de téléphone de l’officier en chef de la région de Mardan : « Vous ne pourrez pas rejoindre Islamabad aujourd’hui. Tout est bloqué. Suite à des manifestations, l’armée a décidé de fermer tous les accès à Rawalpindi. »
Petit instant de panique : j’ai mon vol dans la nuit. Après avoir pesé chaque solution, je décide de poursuivre et de voir la situation au point de blocage. Celui-ci se trouve à environ cinquante kilomètres de l’aéroport. L’escorte nous a abandonnés, et la nuit commence à tomber. Je tente mon va-tout. J’ouvre mon application Maps.me en regardant Ehtesham dans un soulagement forcé : « Tu me fais confiance ? On va prendre de toutes petites routes maintenant. »

La nuit enveloppe la plaine du Pendjab. Nous faisons un détour d’une cinquantaine de kilomètres avant de traverser une zone fortement militarisée, utilisée pour le développement de missiles ou d’armes nucléaires. Un homme en uniforme nous arrête encore : les étrangers ne sont pas admis ici. Nous rebroussons chemin et reprenons notre quête sur des routes encore plus secondaires. Je guide Ehtesham à l’aveugle : « Dans 100 mètres, à gauche, puis à droite… encore à gauche. » Nous empruntons des routes minuscules, traversant des champs pour éviter tout barrage. Et, au terme de treize heures de route, finalement, on atteint l’aéroport. Juste à temps.

A la différence de 2010, la météo a été presque parfaite tout au long du voyage. A l'exception de mes journées en Chine, du ciel bleu pratiquement tous les jours, sans même parfois un nuage. J'ai donc eu tout le loisir de contempler les cimes, majestueuses. Septembre est aussi le meilleur mois aussi bien pour le Pamir que le Karakoram.

Après plus d’un mois, c’est déjà la fin. Comme souvent lors d’un voyage aussi varié et intense, mes premiers kilomètres me paraissent lointains.
Avant mon départ, je pensais qu’en voyageant dans les mêmes endroits pour la seconde ou la troisième fois, mon périple aurait pu devenir lassant parfois. Pourtant, ces routes ont toujours su m’émerveiller autant qu’elles réveillèrent par instants le flot de souvenirs que j’avais longtemps oubliés : des rencontres, des endroits où j’avais campé, les anciennes voies que j’avais empruntées, les mésaventures et les bonheurs de voyages que j’avais profondément aimés.
Car, comme pour l’Iran, je pourrais me rendre huit ou dix fois dans ma vie au Pamir ou au Pakistan sans avoir le moindre regret pour autant. J’adore ces paysages de montagnes arides qui plongent dans des vallées fertiles, ces contrastes et ces peuples uniques, à l’accueil bienveillant et profondément dépaysant. Un peu de russe, un peu de turc, un peu d’anglais, et l’on communique aisément.
Des Tian Shan à l’Hindu Kush, chacun de ces massifs s’est élevé dans un ciel bleu grisant en une symphonie parfaite, tel un orchestre entonnant un quatuor céleste. Et cette fois, je rentre avec une certitude : c’est bien dans les Pamirs et le Karakoram que l’on trouve les plus belles routes, les plus beaux paysages, les plus belles vallées du monde. C’est un peu là, je crois, que j’ai trouvé mon Shangri-La.

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