Avenue des volcans, Putumayo et villages du Santander - Equateur/Colombie (2013) - Les voyages du Ptit Malet
La pointe tropicale des Andes
Equateur/Colombie - 2013
Amérique
La pointe tropicale des Andes
Septembre 2013

Introduction

La Colombie. Il y a longtemps que je voulais visiter le pays des grimpeurs, celui de Nairo Quintana ou de Lucho Herrera, là où le cyclisme est roi. J'y trouverai une ferveur et un accueil sans pareil en Amérique latine, loin de son passé trouble.
Un court voyage à travers 2 pays colorés, fascinants et mystérieux.

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Distance
1 550 km
Durée
13 jours
Point culminant
4 070 m
% de pistes
3 %
La carte du voyage
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Equateur

L'Avenue des Volcans

Mi-septembre. Si mon travail me permet d'effectuer quelques reconnaissances de terrain (autour de Cuzco, du lac Titicaca ou de quelques cordillères oubliées), cela fait plus de 8 mois que je n'ai plus effectué de vrai voyage à vélo. Lima m'épuise. L'épaisse nappe de brouillard persistant depuis plusieurs mois maintenant m'éreinte et il est temps de sortir de cette effroyable geôle urbaine.
Trois heures de bus sont nécessaires afin de s'extirper de la capitale péruvienne, et toute une nuit et une matinée entière afin d'arriver à la frontière équatorienne. Par sauts de puce, j'atteins Riobamba, à 200 km au sud de Quito, par une nuit paisible à près de 3000m d'altitude.
La célèbre « Avenue des volcans » a laissé place à une autoroute encombrée chaque jour par un balais ininterrompu d'automobiles et de camions. En me dirigeant vers les pistes du parc du Cotopaxi, j'aspire à retrouver un calme que seuls les nuages s'accumulant autour des volcans parviennent à troubler.
Sur des pistes oubliées et par une longue descente difficile sur des pavés mouillés par les averses fréquentes, j'atteins la capitale équatorienne sur une route escarpée. Située au milieu des volcans, dans une cuvette verdoyante et vallonnée, Quito conserve les traces de son passé colonial, qui jouxte les grattes-ciels des quartiers affairés. Au coeur de la ville, ruelles pavées, églises et façades des maisons au charme coquet s'entremêlent dans une symphonie baroque. Quito est belle et mérite de s'y attarder.
Les averses sporadiques ont eu raison de ma volonté de poursuivre sur la « route des volcans ». Quitte à se mouiller, mieux vaut-il que ce soit à une altitude plus basse, dans la jungle, là où les températures seront plus clémentes. Avant d'y descendre, il me faut monter un long col à plus de 4000m d'altitude aux passages ardus et irréguliers sous une pluie de plus en plus mordante au fur et à mesure de mon avancée vers le sommet. La longue descente traverse des paysages de plus en plus verdoyants, entrecoupés de pâturages et de fréquentes cascades au débit parfois impressionnant en ce début de saison des pluies. La route est de moins en moins vallonnée, les température plus chaudes. J'atteins la « plaine » du Putumayo. Je suis déjà en Colombie.

Colombie

Sur l'épaule de l'Amazonie

Le Putumayo. Situé aux contreforts de l'Amazonie, cette région de Colombie est une jungle à la réputation sensible. Dans le ciel, des bruits s'élèvent de la végétation tropicale. Seuls les nombreux hélicoptères rappellent ce que le Putumayo d'aujourd'hui fut jadis : le nid d'aigle des narcotrafiquants. Dans les villages aux maisons sur pilotis, les communautés indigènes subsistent dans un dépouillement total.
La route alterne vallons et passages non asphaltés. Au dessus de la plaine à la nature exubérante resplendit le blanc des neiges du volcan Cayembe, situé 5000 mètres plus haut, 150 kilomètres plus loin.
J'atteins Mocoa, au pied des montagnes et aux rivières rafraîchissantes fréquentées par de colombiens en ce dimanche après-midi. La route s'élève sur un long col de près de 100 kilomètres, m'arrêtant au grès des rencontres avec des colombiens si accueillants.
San Agustin est l'occasion d'un court détour d'une journée. Sa ville coloniale et vivante contraste avec le calme reposant du champs de sculptures mégalithiques et étonnantes dévoilant une partie des mystères d'une culture pré-hispanique millénaire.
Retour sur la route principale sous une chaleur aussi torride que le charme latino des Colombiennes. Hola Papi ! Si mi amor! Le contact avec les colombien(nes) est aisé et familier. Mon vélo attire les regards et la curiosité d'un pays où le cyclisme est roi. « Moi aussi, je pratique le cyclisme. » Nombreux sont les colombiens à se passionner pour ce sport. Des compétitions ont lieu chaque fin de semaine et le pays a ses héros : Lucho Herrera, Santiago Botero ou plus récemment Nairo Quintana. En moins d'une semaine, la Colombie m'a conquit.
La chaleur redouble au fur et à mesure de mon avancée vers Neiva. Il me reste peu de temps devant moi et c'est dans un bus que je ferai la longue montée sur une voie rapide et encombrée vers les hauts plateaux de Bogota. Le ciel se charge de nuages et les températures chutent. Situé à plus de 2500 mètres d'altitude, Bogota est l'une des capitales les plus hautes du monde. Je ne m'y attarderai pas et prolonge mon transfert sur une centaine de kilomètres supplémentaires.

Saut de bus

Je passe le reste de la nuit sur les hauteurs de Tunja, la ville de coeur de Nairo Quintana. Sur ses routes d’entraînement, je monte un col à plus de 3000m d'altitude entre les prairies d'altitude. Au terme de la descente, Villa de Leiva est l'une les plus belles villes coloniales d'Amérique du Sud. Sa place centrale s'impose est l'une des plus grande de tout le continent.

La route se rétrécit. Les pentes se raidissent. Je poursuis vers un petit col avant de rejoindre la route principale. Le ciel se couvre de nuages. Au milieu de l'averse, je trouve refuge dans la salle d'un petit restaurant familial. Je suis accueilli comme chez moi par un couple bienveillant. Je passerai la nuit à l'abri là où, il y a encore 5 ans sévissait le narcotrafic. Meurtres et insécurité étaient alors monnaie courante. Les temps changent en Colombie et le soleil revient peu à peu.
Au bord de la route ci et là sèche le café fraîchement récolté. Sur les premiers kilomètres menant à San Gil abondent les caféiers, l'une des images d’Épinal du pays.
J'atteins enfin Barichara. Les rues pavées aux couleurs chatoyantes, les maisons coloniales aux murs fleuris, ou encore la coupole de son imposante église en fait un véritable havre de paix. Barichara est plus que le plus beau village de toute la Colombie. Elle est un tableau enchanteur et coloré d'une quiétude mérité après plus de 2 semaines d'efforts. En contrebas, une petite route mène à Guane, sa soeur cadette.
Je regarde d'un oeil amusé le flux de touristes locaux, venant sortir de la capitale le temps d'un week-end. La Colombie est probablement le pays d'Amérique du Sud qui possède le plus de tourisme local. A l'inverse de nombre de ses voisins, les Colombiens connaissent et ont au moins visité une fois les sites à proximité.
Quelques jours par sauts de bus et je serai de retour à Lima, à 3500 kilomètres de là, si loin de la tranquillité de Barichara et de la jovialité des Colombiens. Barichara était à la fois le but et l'apothéose de mon voyage. Deux nuits plus tard, je me ferai dérober mon appareil photo dans un bus à la frontière péruvienne. Avec lui, des images que mes souvenirs n'effaceront jamais.
J'atteindrai Lima après 72 heures de bus. Je pourrai enfin dormir.

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