Sur le fil de l'Atacama - Chili/Pérou (2013) - Les voyages du Ptit Malet
Sur le fil de l'Atacama
Nord-Chili et Arequipa - 2013
Amérique
Sur le fil de l'Atacama
Novembre 2013

Introduction

Un peu plus d'un mois après mon dernier voyage, Lima m'écoeure à nouveau. Je parcours mes cartes à la recherche d'isolement et de hautes altitudes. Durant mon premier voyage sur l'Altiplano, j'avais songé emprunter les pistes longeant la frontière chileno-bolivienne, entre le désert d'Atacama et le Parinacota. Cette fois, je n'y dérogerai pas.
Près de deux nuits en bus sont nécessaires pour rejoindre Calama, point de départ de cette traversée à l'écart de tout et au coeur de ce désert d'altitude. Je longerai alors la frontière bolivienne, à quelques pas des traces que j'avais laissées il y a près d'un an, entre les mines, les salars, et les volcans.
Après près de 10 jours d'isolement et d'intense traversée, je terminerai mon voyage par une visite plus classique d'Arequipa et de ses alentours, avant de rentrer en bus sur Lima, pour quelques jours seulement...

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Distance
920 km
Durée
15 jours
Point culminant
5 085 m
% de pistes
70 %
La carte du voyage
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Chili (Nord Atacama)

Sable, sel et sueur

Deux nuits de bus sont parvenues à m'éreinter avant même le début de ma traversée. En cette matinée du 18 novembre, j'arrive à Calama, ville au cour du désert nord-chilien et située à plus de 2000 m d'altitude. Si la nuit dans le bus péruvien avait plutôt été confortable, les compagnies chiliennes, plus onéreuses, offrent pourtant des prestations plus modestes.
La route se transforme rapidement en piste au revêtement excellent, voire asphalté à l'approche du salar d'Ascotan et d'Ollagüe. Le vent majoritairement favorable m'épargne d'efforts superflus dans ce long faux-plat montant me menant vers ce village à plus de 3700m d'altitude.

Les paysages sont parsemés d'imposants volcans à la teinte rougeoyante le soleil couchant. Rarement ce mélange d'isolement et de désolation n'a été si grandiose. Survivant au temps, la voie ferrée est parcourue par quelques rares trains de marchandises moribonds. Au cour de ce désert, les mines sont légion et rappellent que la région est avant tout dépendante de ses ressources primaires : du sel au cuivre. Certaines d'elles permettent la constitution d'un réseau routier quadrillant parfaitement le désert. Je contourne le cerro Aucanquilcha, que j'avais tenté de gravir il y a tout juste un an. Les 50 km suivant la mine de Collahuasi sont asphaltés et parcourus par un va-et-vient constant de véhicules miniers.
En longeant la frontière bolivienne, je jongle entre salars et volcans. Les fumées s'échappant des sommets m'indiquent leur état d'activité. Le salar de Huasco compte sur une faune riche en flamants roses. C'est aussi le début d'une piste difficile dans laquelle je me perds et dois couper à travers pampa afin de rejoindre le tronçon principal, composé de ce mélange nocif tant pour la bicyclette que pour l'homme de sable et de « taule ondulée ». Crispé sur ma machine, les muscles pétris par les secousses, mais le vent toujours favorable, j'atteins le pied d'un col à plus de 5000m d'altitude, dont il me faudra plus d'une demie journée à franchir. Surprise : les derniers kilomètres rejoignant Colchane, village frontalier avec la Bolivie, sont asphaltés. Je me rends au poste des carabineros dans l'espoir d'y trouver de l'eau, ressource si rare et précieuse au cour de ce désert d'altitude. J'y suis invité à prendre du thé, manger du pain frais, et à dormir dans l'un des dortoirs vides de cette petite caserne militaire. La douche chaude est la bienvenue. A l'écart de la civilisation pendant plusieurs jours, chaque rencontre paraît revêtir un sens plus important.

Mais mes mots restent limités. Ce matin, je n'arrive même plus à ouvrir ma bouche tant les gerçures de mes lèvres sont douloureuses. De mes mains à mon visage, ma peau est brûlée par cet impitoyable soleil d'altitude. Après quelques jours de repas rationnés, j'ai déjà perdu quelques kilos. Mais je tiens à rallier le Parinacota. L'année passée, je me suis retrouvé à quelques kilomètres de là, en Bolivie, renonçant finalement à rejoindre ce volcan dans l'espoir de passer Noël au chaud.

D'une manière générale, les pistes du parc national de Vicuña sont plus suaves, bien que quelques passage délicats ne ralentissent encore mon avancée. Je franchis un nouveau col à plus de 4500m avant d'atteindre aux rives du salar de Surire, royaume de la vigogne et paradis du campeur. Au loin, j'aperçois déjà les neiges éternelles du Parinacota. Il me faudra une journée supplémentaire sur une piste parmi les nombreux convois de camions en provenance des mines environnantes ainsi que quelques heures supplémentaire par une belle nuit étoilée afin d'atteindre le village de Parinacota. J'y prendrai une journée de repos, assistant au lever et au coucher de soleil sur les neiges rosissantes de ce volcan à la forme d'un cône glacé à la symétrie parfaite. A ses côtés, le Pomerape paraît refléter son imposant jumeau. Le Parinacota est assurément le plus beau volcan d'Amérique du Sud.

Je n'ai plus qu'à effectuer la longue descente vers le Pacifique avant de traverser à nouveau la frontière. Me revoilà au Pérou.

Pérou (Arequipa-Colca)

Vol du condor, steak d'Alpaca

Sur la route de Lima, Arequipa constitue une halte désirable afin de prendre quelques jours de repos. Le centre-ville, constitué de maisons coloniales de pierres volcaniques, rappelle la proximité du Misti dont les neiges ne sont désormais plus éternelles.

Une fois n'est pas coutume, j'abandonne mon vélo pour effectuer un tour guidé vers le canyon de Colca dans le but d'observer les condors. Le mirador concentre davantage de touristes à l'affût du moindre geste de ces rapaces, criant et glapissant au vol de chacun d'eux au dessus de cet impressionnant canyon.

Après un nouveau passage (survol) des terrasses agricoles colorées et contrastées de la vallée de Colca, le retour sur Arequipa est l'occasion de s'initier à la cuisine locale copieuse dans l'une des nombreuses picanteria de la ville. Il est temps de rentrer sur Lima. Dans quelques semaines, je serai en Amérique centrale.

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