Tour d'Islande à vélo - Islande (2014) - Les voyages du Ptit Malet
Escale islandaise
Tour d'Islande - 2014
Europe
Escale islandaise
Juin 2014

Introduction

Après avoir vécu pendant plus d'un an en Amérique du Sud, l'Islande m'apparaissait comme une transition originale avant mon retour en France. Cependant, jamais je n'aurais pensé la différence aussi grande : pluie, vent et des températures ne dépassant pas les 13°C. Au final, je n'ai pratiquement pas quitté ma Gore Tex durant 3 semaines...
La plupart des pistes étant encore fermées en ce mois de juin, j'ai dû me contenter d'un tour de l'île en longeant la plupart du temps la Nationale 1. Le voyage est finalement assez classique, à tel point qu'il m'arrivait de rencontrer certaines journées près d'une dizaine de cyclo-voyageurs.

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Distance
1 740 km
Durée
19 jours
Point culminant
700 m
% de pistes
10 %
La carte du voyage
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Islande

Dans les entrailles de la terre

Le charme des hôtesses de la TAME parvient à me faire oublier la vétusteté de l'avion qui me mène à New York, contraste saisissant avec l'appareil neuf, mais le sourire grinçant des hôtesses blondes du vol islandais New York - Reykjavík.
En cette heure matinale à l'aéroport de la petite ville à proximité de la capitale, je saisis à quel point l'Islande peut être l'antithèse de l'Amérique du Sud. Alors qu'il y a quelques jours je me reposais sur les plages chaudes du Nord-Pérou, je me retrouve à pédaler face au vent froid et entre les gouttes des nombreuses averses qui parsèment le pays tout au long de l'année.

En m'éloignant de la capitale et en s'enfonçant dans les terres désolées, on atteint le site de Thingvellir. Ce parc national est transpercé par la faille d'Almannajgà qui semble s'étendre jusqu'au bout de l'horizon. La convergence des plaques eurasiennes et nord-américaines confère à ce « Rift européen » une géologie atypique. Le site possède quelque chose de mystique. C'est probablement la raison qui a poussé la réunion ici du premier parlement d'Europe au cours du X° siècle et qui en fait un lieu de déclaration d'indépendance symbolique en juin 1944.
Je suis le seul à parcourir les ruines : il est près de 22h et les jours semblent se prolonger indéfiniment à cette période de l'année. Ces heures tardives permettent de dévoiler au mieux toute l'intimité et l'intensité de chaque site d'Islande, trop souvent envahis par une foule de touristes.

La séparation des plaques tectoniques est à l'origine de nombreux volcans, geysers et autres sources d'eau chaudes. La région concentre donc une grande variété de sites naturels comme le Strokkur, le plus haut geyser d'Europe qui crache ses vapeurs toutes les 10 minutes, ou le vacarme étourdissant des chutes de Gullfoss, sites parcourus par dix fois plus de touristes chaque année qu'il n'y a d'Islandais sur l'île...

Le vent froid et la pluie s'intensifient. Je me persuade qu'il est possible de poursuivre sur une piste encore fermée en ce début de mois de juin. Guidé par les pilonnes d'une ligne électrique, je pousserai mon vélo dans les plaques de neige deux jours durant sans apercevoir la moindre trace vivante. J'atteins la Nationale 1, l'axe le plus important du pays, parsemé de stations-services et cafétérias qui proposent un menu peu alléchant si bien qu'il faille me contenter la plupart du temps de mes propres mets.
La piste enneigée de ces derniers jours à probablement eu raison de ma roue avant qui se fissure au fil des kilomètres. La première ville est à plus de 100 km. Par chance, dans un petit village de pêcheurs, on me vend une vieille roue usagée qui me permet de poursuivre mon voyage.

Autour de la Nationale 1

La pluie persistante durant une semaine entière ne m'a pas convaincu de serpenter le long des fjords de l'Ouest qui s'échappent sur l'Atlantique. En bifurquant vers l'Est, je retrouve la Nationale 1 et le beau temps qui perdurera une semaine. Les pistes encore fermées jusqu'à la fin du mois me dissuaderont de quitter cet axe principal.
Entre les voitures de location et les camping-car, la route monte et descend et jongle entre vallées glacières et océan.
Au milieu des sommets enneigés, Akureyri est la plus grande ville du Nord du pays et vit au rythme de ses activités portuaires. Je m'enfonce à dans les terres islandaises et atteins à nouveau la faille séparant les plaques européenne et américaine. Si je ne m'arrêterai pas au lac de Myvatn, troisième étendue d'eau naturelle du pays, mais peuplé par plusieurs nuées de mouches, je resterai ébahi devant le spectacle coloré offert par les mares de boue bouillonnantes de Hverir laissant échapper un mélange pourtant fétide à base de souffre et de gaz sulfuriques.

Les longues lignes droites ventées s'étendent à l'horizon dans un désert de pierres. Lorsque le soleil rase les hautes terres, je décide de poursuivre mon chemin afin de venir à bout d'un vent qui ne laisse de répit qu'aux heures les plus matinales.

Après une journée de repos à Egilsstadir, le temps se couvre à nouveau. La route se mue en une piste boueuse. Ma tente est déchirée, mes freins sont usés. J'aperçois les rivages de l'Atlantique et zigzague à nouveau entre les fjords durant plusieurs dizaines de kilomètres.
L'enfilade de langues glacières fuyant l'étendue infinie du Vatnajökull confèrent un formidable sentiment d'espace. Certaines d'entre-elles sculptent d'ailleurs de remarquables icebergs dressant au Jökulsàrlon le tableau d'un spectacle surréel et féerique.

Le temps se couvre sur les flancs de l'immense champ de lave du volcan Lakagigar. L'éruption toxique de 1783 avait alors engendré une famine tuant un islandais sur trois ainsi que des bouleversements climatiques reconnus comme l'une des causes indirectes de la Révolution Française...
Après avoir passé la cascade photogénique de Skogafoss, j'effectue les ultimes kilomètres avec un boîtier de pédalier dont le jeu augmente inexorablement au fil des coups de pédales. En ce jour de fête national islandaise, je viens à bout de ma machine et atteins à nouveau l'aéroport. Dans quelques heures, serai enfin de retour en France.

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